Henri Fayol (1841-1925) est un français diplômé de l’école des Mines de Saint-Étienne, il débuta sa carrière à 19 ans comme ingénieur dans une société dont il fut le directeur général. En 1916, il publia un ouvrage intitulé « Administration industrielle et générale- Prévoyance, Organisation, Commandement, Coordination, Contrôle », sur lequel repose toute sa réputation d’organisateur.
H. Fayol constate que les dirigeants d’entreprise de son époque, ont été formés dans leur large majorité, dans les grandes écoles françaises d’ingénieurs où les cours sont presque uniquement techniques et où il n’est question «ni d’administration, ni de commerce, ni de finance, à peine de sécurité (entendu dans le sens de sécurité de l’entreprise) et très peu de comptabilité ». Pour Fayol l’absence d’un enseignement administratif est due à « l’absence de doctrine » qu’il faut établir le plus tôt possible.
Les principes de l’administration industrielle générale
H. Fayol énumère six fonctions indispensables à toutes entreprises petites ou grandes, simples ou complexes. Ces fonctions sont les suivantes :
- Les activités techniques : production, transformation, fabrication,
- Les activités commerciales: achats, ventes, échanges,
- Les activités financières: recherche et gérance des capitaux,
- Les activités de sécurité : protection des biens et des personnes,
- Les activités comptables : inventaire, bilan, prix de revient,
- Les activités administratives (ou de direction): prévoyance, organisation, commandement, coordination, contrôle.
Le principal apport de H. Fayot réside dans l’analyse des activités administratives.
En s’appuyant sur sa propre expérience, qui concerne surtout la direction des hommes au travail, il propose quatorze principes d’administration pour que les activités administratives soient remplies efficacement :
- Division du travail: il faut spécialiser les travailleurs car c’est ainsi qu’ils deviennent expérimentés et productifs ; le division du travail permet de produire plus et mieux avec le même effort ;
- Autorité et responsabilité: c’est le droit de donner des ordres et de pouvoir les faire exécuter ; la sanction est la marque de la responsabilité et elle doit exister partout même au sommet de la hiérarchie ;
- Discipline : c’est l’obligation d’obéir selon les conventions établies ;
- Unité de commandement: chaque homme ne doit avoir qu’un seul chef (sur ce principe, H. Fayol s’oppose à F.W. Taylor). Fayot; pense qu’un commandement double est une perpétuelle source de conflit ;
- Unité de direction: les personnes travaillant dans un même but doivent avoir non seulement un seul chef mais aussi un seul programme ;
- Subordination de l’intérêt individuel à l’intérêt général: les buts de l’entreprise sont prioritaires sur ceux des personnes ;
- Rémunération: elle doit être proportionnelle aux efforts faits pour la firme ; H. Fayot reconnaît qu’il n’y a pas de système parfait de rémunération ;
- Degré de décentralisation: ce degré dépend de l’activité et surtout de la qualité du personnel ; Fayot note que la centralisation est un fait d’ordre naturel, mais en soi, il n’est ni forcément bon, ni forcément mauvais ;
- Hiérarchie: la hiérarchie est nécessaire mais les communications latérales sont aussi nécessaires ; elles sont assurées par le principe de la passerelle ;
- Ordre: il signifie une place pour chaque personne et chaque personne à sa place ; cependant l’ordre social n’est pas facile à réaliser car il «exige une connaissance exacte des besoins et des ressources sociales de l’entreprise et un équilibre constant entre ces besoins et ces ressources ;
- Équité: c’est la justice »: complétée par la bienveillance ; elle demande une très grande expérience certaines qualités peut être bon.
- Stabilité du personnel: c’est un facteur de réussite pour l’entreprise car il faut du temps pour bien remplir une fonction ; l’instabilité du personnel est une maladie de l’entreprise ;
- Initiative: c’est recevoir un plan et en assurer la réussite ; c’est «l’une des plus vives satisfactions de l’homme intelligent » et c’est un puissant stimulant que l’entreprise doit encourager ;
- Union du personnel: l’union fait la force et le chef de l’entreprise l’obtient en pratiquant l’unité de commandement, en évitant de diviser son personnel « diviser les forces ennemies est bien mais diviser ses propres forces est une lourde faute » et en évitant d’abuser des communications écrites « les communications verbales sont plus rapides, plus claires et plus harmonieuses » ;
Armée de ces principes d’administration, «alors possible à toute personne de remplir correctement toute activité administrative que H. Fayot décompose en cinq groupes différents d’opérations :
1) Prévoyance: prévoir est supprimer l’avenir et le préparer par un programme d’action ; un programme doit réunir les qualités :
- d’unité : deux programmes créent la confusion et tous les programmes techniques, financiers… doivent être unifiés par des objectifs compatibles et convergents ;
- de continuité : les prévisions à long terme doivent être reliées aux prévisions à court terme;
- de flexibilité : le programme doit être assez souple pour s’adapter aux circonstances ;
- de précision : le programme doit être précis.
2) Organisation: c’est construire une structure pour le corps social (le personnel) avec une unité de commandement, une claire définition des responsabilités, des procédures établies de décisions appuyées par une forte sélection et un grand entraînement des managers ; Fayol recommande de synthétiser l’organisation par un organigramme ou « tableau d’organisations ;
3) Commandement: il assure le fonctionnement de l’organisation ; il est un art qui repose « sur certaines qualités personnelles et sur la connaissance des principes généraux d’administration » ; c’est donc au chef qu’il appartient :
- D’avoir une connaissance approfondie de son personnel,
- D’éliminer les incapables.
- De bien connaître les conventions qui lient l’entreprise et ses agents,
- De donner le bon exemple,
- D’inspecter périodiquement le corps social
- De faire régner l’activité, l’initiative et le dévouement.
4) Coordination: c’est « mettre de l’harmonie entre tous les actes d’une entreprise » ; Fayol voit deux moyens importants de coordination :
- La conférence hebdomadaire des chefs de services,
- Les agents de liaison lorsqu’il est impossible de tenir une conférence hebdomadaire ; ces agents appartiennent aux services d’état-major.
5) Contrôle: pour vérifier si tout est conforme au programme, aux ordres et aux principes ; pour être efficace le contrôlé: doit être rapide et suivi de sanction, ne doit pas introduire une dualité de direction et doit donc être défini le plus rigoureusement possible à l’avance.